samedi 26 octobre 2013

Octobre - la France à l'heure d'hiver

Voulez-vous dormir une heure de plus ?


Difficile de répondre non à un telle proposition. En effet, dans la nuit de samedi (27 octobre) à ce dimanche la France, ainsi que les autres pays de l'Union européenne, reculeront leurs horloges d'une heure pour revenir à l'heure d'hiver.

Ce passage à l'heure d'hiver prend place tous les ans à l'automne depuis 1976.  Vous gagnerez donc une heure de sommeil, ce qui vous permettra de récuparer celle perdue à la fin du mois de mars lors du passage à l'heure d'été. Le décalage par rapport au Temps Universel (heure de Greenwich) ne sera plus que d'une heure (TU+1), contre deux heures (TU+2) de fin mars à fin octobre.

Petite histoire de l'heure d'été


Il faut se souvenir que cette mesure a été prise après la crise pétrolière de 1973. Comme, faute de pétrole, nous ne manquons pas d'idées, ce système a été imaginé pour réaliser des économies d'énergie. L'idée générale est de faire coïncider les horaires d'activité avec l'utilisation de l'éclairage artificiel.

Il a depuis eu beaucoup de succès auprès de nos voisins, jusqu'à ce que l'Union Européenne l'érige en principe en 1998.

A noter que des tentatives similaires ont été faites, notamment durant la deuxième guerre mondiale par d'autres pays (c'était le cas de l'Allemagne en particulier).

On peut se poser la question du gain réel du point de vue énergétique - cela reste assez controversé. Il en effet difficile d'évaluer les économies réelles liées au dispositif.  L'Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Energie (Ademe), a bien fait paraître en 2009 une étude visant à confirmer les bénéfices du changement d'heure en termes d’économies d’énergie et d’émissions de CO2, mais vous allez voir qu'elle maîtrise assez bien l'art de se tirer une balle dans le pied :
"En 2009, le gain sur l’éclairage obtenu grâce au changement d’heure est de l’ordre de 440 GWh, soit l’équivalent de la consommation en éclairage d’environ 800 000 ménages. ... Historiquement, le gain sur l’éclairage diminue pour plusieurs raisons : évolution des équipements avec l’introduction progressive de lampes basse consommation, éclairage public calé sur la nuit « solaire ». Néanmoins, à l’horizon 2030, les économies d’énergie engendrées par le régime d’heure d’été subsisteront même si le gain aura encore diminué grâce au développement de technologies d’éclairage toujours plus performantes dans l’habitat. Il devrait alors atteindre 340 GWh. ...En ce qui concerne les usages thermiques -chauffage et climatisation- même si les économies liées au changement d’heure restent modestes et difficiles à évaluer aujourd’hui (sur la climatisation tertiaire : de l’ordre de 70 GWh), un gain de 130 GWh pourrait être attendu en 2030. ...En tenant compte de ces données, on estime qu’en 2030, la réduction globale des émissions due au changement d’heure pourrait être de 70 000 à 100 000 tonnes de CO2."
Le communiqué de presse de l'Ademe peut être téléchargé ici : http://www.est-testnet.net/servlet/getBin?name=1E825C750CC11D33512083811A7CD3E01269617694976.pdf

Ce qui est terrible dans ce communiqué, c'est que l'Ademe elle-même met en évidence que l’usage de produits et d’appareils plus performants (généralisation des lampes à basse consommation, optimisation de l’éclairage par néons dans les lieux professionnels) réduisent les bénéfices du changement d’heure. En 2030, les économies d’énergie sont ainsi estimées par l’Ademe à 340 GW, soit 100 GW de moins qu’en 2009.

Pour aller un peu plus loin, je vous conseille ce reportage paru sur le site de FranceTv info en mars 2013 , sous le titre évocateur que voici : Le changement d'heure, une mesure toujours nécessaire ?

Beaucoup se plaignent de ce changement qui vient perturber des organismes déjà fragilisés par le changement de saison.  L’impact du changement d’heure sur le rythme biologique des personnes, notamment des enfants (perturbation du sommeil et du rythme de vie), est parfois mis en cause.

Du coup, on pourrait se demander s'il ne serait pas pertinent de renoncer au passage à l'heure d'été. Le régime "TU+2" permanent paraît assez naturel. Cette réflexion n'a pas échappé aux politiques. La Commission Européenne elle-même a reconnu en 2007 que les économies d’énergie sont « relativement limitées ». Elle a préconisé néanmoins de conserver le régime actuel. Apparemment, ce changement serait entré dans les mœurs... chose qui ne semble pas évidente quand on écoute les récriminations  qui fleurissent autour de nous.

Maintenant, si l'on revient à la réalité, de quoi parlons-nous ?


Si l'on revenait à l'heure de notre méridien (c'est à dire en Temps Universel) qu'en serait-il vraiment de nos conditions de vie et des rythmes en découlant ? Prenons l'exemple de quelques dates clés correspondant à des changement de saisons :
  • le 21 mars : le soleil se lève à 5h53 et se couche à 18h04
  • le 21 juin: le soleil se lève à 3h49 et se couche à 19h56
  • le 21 septembre : le soleil se lève à 5h37 et se couche à 17h49
  • le 21 décembre : le soleil se lève à 7h43 et se couche à 15h55
On voit que la durée d'ensoleillement ne cadre pas vraiment avec nos rythmes sociaux actuels...

Il a été longtemps possible de vivre à l'heure réelle sous nos contrées à une époque où la majorité de la population exerçait une activité agricole ou en lien avec l'agriculture. Se lever et se coucher avec le soleil avait du sens, d'autant plus que la mauvaise saison correspondait également avec un moment de faible activité.

Aujourd'hui, la majorité de la population des pays occidentaux exerce une activité qui n'a plus aucun rapport avec les saisons. Notre temps est rythmé par des horaires, des cadres de travail et des contraintes sociales qui n'ont plus grand-chose à voir avec la nature.

Personne n'apprécie de se lever avec la nuit et de rentrer chez soi en fin de journée avec la nuit. C'est pourtant inévitable, mais c'est ce que le passage à l'heure d'hiver (TU+1) permet de limiter. Même si les économies promises ne sont pas forcément au rendez-vous, la satisfaction de bénéficier d'un peu plus de lueur du jour dans les moments les plus durs de l'année n'est pas à dédaigner. Cela vaut bien les petits efforts d'adaptation à consentir deux fois par an !

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