mardi 25 février 2014

Entreprise et alternance : Rôle social, transmission des compétences, ou besoin de ressources ?

Par François Gabaut
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Les alternants sont-ils des ressources bon marché ?


De nombreuses entreprises intègrent chaque année dans leurs équipes de jeunes alternants.  Les managers leur confient des projets, des missions qu'ils n'ont souvent pas le temps de demander de réaliser à des collaborateurs en interne. Sans la présence de ces alternants, ces projets dormiraient dans les tiroirs. Les missions confiées à ces alternants  pourraient convenir à des salariés nouvellement embauchés mais qui ne le sont pas faute de recrutement.  Ces pratiques managériales répondent-elles aux nécessités de l'alternance ? Quelles sont les obligations des entreprises en la matière ? Quels sont les intérêts de l'entreprise, de l'alternant, de l'école ?


De nombreuses entreprises se posent la question de la conservation et de la transmission des compétences qui font leur richesse. Le recrutement d’alternants et de stagiaires répond bien souvent à cette nécessité car ils permettent d'embaucher par ce biais des jeunes qui seront les futurs salariés de demain. Mais les alternants répondent aussi à des besoins sur le court terme, celui des ressources.

Dans un contexte économique difficile, où les embauches se font rares, recruter des étudiants devient une alternative pour le développement au quotidien de l'entreprise quand il ne s'agit pas de sa survie. C’est parfois la seule possibilité dont disposent les équipes aujourd’hui pour traiter certains projets.

Mais le fait de confier à des étudiants des tâches prescrites, encadrées par des objectifs chiffrés, mesurées par des résultats, n' entre t-il pas en contradiction avec les obligations de l'alternance ?

Que dit la loi à ce sujet ? Elle considère que l'alternance est une formation qui se déroule dans deux lieux : l'école et l'entreprise. Elle indique que la période en entreprise est considérée comme une période d'apprentissage. Et qui dit acquisition de compétences  demande du temps, nécessite une progression,  intègre le droit à l'erreur, etc.

Certaines entreprises mettent en avant leur rôle « social » en répondant à l'obligation de prendre des alternants. Le seuil minimal est de 4% des effectifs pour les entreprises de plus de 250 salariés.

Quel est le point de vue de chaque partenaire  ?


Les activités des alternants sont encadrées par des managers. Elles mettent le jeune en situation réelle, c'est souvent le meilleur apprentissage pour lui. Chacun s'y retrouve.
  • L'école doit valider la mission en amont. Un tuteur pédagogique se déplace dans l'entreprise et aide celle-ci à calibrer le projet qui servira de mémoire. 
  • L'alternant  a parfois tendance à  « oublier » l’école lorsqu'il est dans l'entreprise. Trop content d'entrer dans le monde du travail et de sortir du monde scolaire, il risque de s’investir dans son activité en oubliant l'école. Le risque d'échec n'est pas négligeable. 
  • Le tuteur s'investit dans sa mission. Il a besoin de temps pour accompagner le jeune de façon pédagogique. Il doit le négocier avec son manager qui est garant des enjeux économiques. 
  • Le manager a besoin de ressources. Il est réticent à intégrer dans son équipe une personne qui risque de ralentir la production.
L'alternant doit être bien accompagné, suivi et aidé par un tuteur qui doit privilégier l'aspect pédagogique. Il ne s'agit pas de faire du tuteur un professeur en entreprise, mais de réaliser un accompagnement qui tienne compte des contraintes de l'entreprise et de celles de l'école. Le manager est le garant de la réussite des objectifs. Ces contraintes n'entrent pas en compétition mais se complètent.

Pour qu'il soit efficace, l'accompagnement doit se faire dès le début dans de bonnes conditions C'est au cours des trois - quatre premiers mois que le tuteur et toute l'équipe doivent s'investir. Si cette étape est réalisée correctement, l'alternant deviendra vite compétent et autonome et pourra devenir une vraie ressources qui apportera à l'entreprise tout son apprentissage scolaire, c'est-à-dire de nouvelles méthodes, une réflexion actualisée, des nouveaux outils. Bref, une vraie valeur ajoutée.

Pour que les compétences soient transmises dans de meilleures conditions et que l'alternance soit profitable à tous, des règles doivent être respectées : pas de précipitation dans les tâches à confier, un bon accompagnement de qualité, une tolérance aux erreurs, aux tâtonnements, aux hésitations. Une fois l'alternant en confiance, sécurisé, autonome, il pourra contribuer au bon développement de l'entreprise, sereinement. La difficulté réside dans l'identification de ce moment clé que représente l'autonomie.

Que dit la loi ?


Calcul du pourcentage de l'effectif annuel moyen des salariés en alternance par rapport à l'effectif total de l'entreprise, conditions définies à l'article L. 1111-2 du Code du travail
L'obligation : Les entreprises de 250 salariés et plus redevables de la taxe d'apprentissage et dont le nombre de salariés titulaires d'un contrat favorisant l'insertion professionnelle est inférieur à un certain seuil appelé "quota alternance" doivent verser une "contribution supplémentaire à l'apprentissage".
Cette contribution est assise sur les rémunérations retenues pour l'assiette de la taxe d'apprentissage. Le taux de cette contribution était égal à 0,1% de la masse salariale dès lors que le pourcentage de ces salariés était inférieur à 3% de l'effectif de l'entreprise.

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