jeudi 18 octobre 2018

Procrastination - le cerveau en question

Vers une meilleure compréhension des causes de la proscratination

Maintenant ou après ?
On s'en doutait un peu, mais il semblerait bien que la procrastination n'ait pas que des causes psychologiques. Le développement des neurosciences a vu le développement de nombreux travaux sur le fonctionnement du cerveau, et comme le champ d'investigation couvre à peu près tous les domaines de la vie, il aurait été étonnant que ce sujet ne fasse pas l'objet de recherches.

Pour rappel, la procrastination désigne la tendance à remettre au lendemain ce qui pourrait être réalisé le jour même. C'est une tendance assez répandue, et que la majorité d'entre nous gèrent adroitement sans trop de grandes conséquences. Pour certains, au contraire, cela peut prendre des proportions très importantes, au point de devenir handicapant. On a beaucoup spéculé sur les raisons à l'origine de ce comportement.



Sur la piste de l'amygdale et du cortex singulaire antérieur...


Une étude récente menée par des chercheurs allemands (faculté de Psychologie, Ruhr University Bochum, Allemagne) et publiée dans la revue Psychological Science tendrait à montrer que deux zones du cerveau seraient impliquées, en l'occurrence l'amygdale et le cortex cingulaire antérieur.

Zones du cerveau impliquées
Des recherches antérieures ayant démontré l'implication dans la prise de décision et la réalisation ou non d'une action, les chercheurs ont voulu vérifier si ces zones du cerveau étaient impliquées dans la procrastination.
Ils ont pour cela étudié un groupe de 264 personnes dont a évolué la tendance à la procrastination par un questionnaire et observé le fonctionnement de leur cerveau grâce au procédé d'imagerie à résonance magnétique (IRM).

Les résultats mettent en évidence :
  • une relation entre la taille de l'amygdale et la tendance à la procrastination (plus grosse chez les procrastinateurs)
  • une connexion plus faible entre l'amygdale et le cortex cingulaire antérieur chez ces même personnes, se traduisant par une activité moins importante entre ces deux zones.

Que faut-il en penser ?


On pourrait dire que l'amygdale agit sur la perception émotionnelle  des situations, comme un veilleur, et le cortex cingulaire antérieur comme le quartier général qui prendra les décisions. D'après les auteurs, l'amygdale des procrastinateurs étant plus développée, ils auront tendance à voir les conséquences négatives de leurs actions. Comme la connexion entre les deux zones est plus faible, le cortex a plus de mal à sélectionner les actions à réaliser et à supprimer les actions ou les émotions récurrentes.

Bien que toute étude ait des limitations, il est indéniable qu'il s'agit d'un apport intéressant dans la compréhension de la prise de décision et de la procrastination. L'existence d'une "signature neurologique" de la prise de décision permet de souligner la possibilité que la procrastination ait à voir avec la régulation des émotions.

Une réalité aux dimensions multiples


Cependant, cela ne doit pas faire oublier que la procrastination a probablement une multiplicité de causes et que notre cerveau a une plasticité liée à sa capacité à apprendre des expériences.

Des recherches menées ont par exemple montré qu'un exercice significatif de méditation en pleine conscience (8 semaines) avait une influence sur la diminution de la taille de l'amygdale, l'augmentation du volume du cortex préfrontal, et la connectivité entre ces zones du cerveau (voir l'article d'Adrienne Taren cité en références).

Pour toux ceux qui sont concernés par la question, il est peut-être temps d'apprendre à réguler la réponse émotionnelle aux tâches auxquelles ils sont confrontés !
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Références des études mentionnées :

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